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Oui, c’était la même pièce.On avait changé les meubles qui étaient maintenant décents et moins misérables. Mais ils étaient toujours nus, collés au mur. “Tu fouilles toujours”, dit sa mère. Oui, il ne pouvait s’empêcher d’ouvrir le buffet qui contenait toujours le strict nécessaire, malgré toutes les objurgations et dont la nudité le fascinait. Il ouvrait les tiroirs de la desserte qui abritaient les deux ou trois médicaments dont on se suffisait dans cette maison, mêlés à deux ou trois vieux journaux, des bouts de ficelle, une boîte en carton remplie de boutons dépareillés, une vieille photo d’identité. Ici, même le superflu était pauvre, parce que le superflu n’était jamais utilisé. Le patron était en manches de chemise et le col ouvert, dans son bureau surchauffé(*). a. Un bouton de col, col détachable. ( cette note en bas de page représente un passage du manuscrit avec une variante) Albert Camus , Le premier homme, Gallimard, Paris, 1994,pp.61,243 (Trouvé-choisi par Raphaëlle Mathieu)